Pour une école ouverte en toute sécurité
Comme partout dans notre département, l’équipe enseignante de l’orme des Mazières de Draveil a repris le travail le 2 novembre avec la crainte que le protocole « renforcé » ne puisse être respecté tant les conditions d’accueil des élèves étaient tendues : sureffectif dans les classes, personnel absent, nettoyage et désinfection des classes et des sanitaires insuffisants voire inexistants étaient déjà une réalité tangible de la période 1…
Constatant que ce protocole sanitaire n’était pas tenable, que nos enseignantes n’étaient pas
remplacées nous exposant à un sureffectif d’élèves dans nos classes, que les locaux n’étaient pas suffisamment nettoyés car les agents d’entretien n’étaient pas suffisamment nombreux, que nous n’avions ni gel hydroalcoolique, ni masques en quantité suffisante, que sur le temps de cantine, nos élèves étaient tous mélangés du CP au CM2 car il n’y avait pas assez d’animateurs, nous avons décidé de rédiger une lettre à notre inspecteur afin de l’alerter sur les difficultés de nos conditions de travail et le pousser à réagir.
Voici notre courrier à l’inspecteur :
Équipe enseignante de l’Orme des Mazières
7-9 rue Albert Einstein
91210 DRAVEIL
À Draveil, le 3 novembre 2020
Monsieur l’Inspecteur de l’Éducation nationale,
Lors de la rentrée du lundi 2 novembre, nous avons constaté les dysfonctionnements suivants au sein de notre établissement :
–absence de masques grand public pour les personnels, alors qu’il en faudrait deux par jour et par agent ;
–manque de distributeur de gel (flacons pompe) dans les classes ;
–manque de serviettes à usage unique dans les sanitaires avec un nettoyage partiel et très
insuffisant, moins sérieux que lors du déconfinement en mai-juin, ce qui est peut-être la cause d’une contamination massive du personnel de la maternelle (enseignantes, ATSEM, AESH) ;
–manque de personnel pour assurer la désinfection du matériel dans l’ensemble de l’établissement ;
–manque de personnel APS pour gérer toutes les contraintes afin de respecter le protocole
sanitaire, ce qui implique un brassage inévitable des élèves du CP au CM2 (tous mélangés) ;
–manque de temps pour organiser le nouveau protocole dont la date du 9 novembre nous paraît excessivement tardive compte tenu du pic épidémique que nous vivons actuellement ;
–distanciation impossible dans les classes ainsi que dans la cantine ;
Alors que le protocole sanitaire devient de plus en plus exigeant, tout en nous obligeant à accueillir la totalité de nos élèves, aucune personne supplémentaire n’a été nommée par la mairie pour épauler les équipes.
Le protocole n’est donc pas tenable. Les conditions de travail sont dégradées et nous exposent à un danger grave et imminent.
En conséquence de quoi, nous allons organiser un sit-in au sein de notre école ce vendredi 6
novembre.
Nous demandons donc :
–le remplacement systématique des enseignants absents pour assurer le protocole sanitaire :
comment va se mettre en place la gestion de l’école lors d’une absence d’un enseignant ?
Les enseignants présents ne pourront pas accueillir les enfants de cette classe.
–des masques en nombre suffisant du type IIR98% de filtration pour les enseignants fournis par l’État, leur employeur, qui a le devoir d’assurer leur sécurité, dont des masques pour les personnels à risque ;
–du gel dans toutes les salles et du virucide pour désinfecter les surfaces et objets touchés par tous ;
–la réorganisation des services d’APS afin d’éviter le brassage des élèves pendant le temps de
cantine ;
–la nomination par la mairie d’agents d’entretien en adéquation avec la surcharge de travail imposé par le nouveau protocole sanitaire ;
–le recrutement d’animateurs (APS) supplémentaires afin de garantir ce protocole sanitaire.
En attendant, pour nous protéger et protéger nos élèves, vendredi 6 novembre, nous serons tous présents pour :
–accueillir et surveiller nos élèves ;
–organiser le protocole sanitaire dans la mesure de nos moyens ;
–recevoir toute personne représentant la municipalité et l’Éducation nationale afin de dialoguer avec nous pour mettre en place un protocole réellement efficace !
Notre seul objectif est de préserver la santé de tous.
Veuillez recevoir, Monsieur l’inspecteur de l’Éducation nationale, l’assurance de notre engagement pour un service public de qualité.
L’équipe enseignante de l’Orme des Mazières
Dans le même temps, nous avons décidé de nous mettre en grève le jeudi 5 novembre et avons envoyé nos déclarations d’intention de grève.
Le délai étant trop court, nous avons décidé de faire de la journée du vendredi 6 novembre, une journée de grève pédagogique, profitant de l’accueil des élèves pour parler aux parents et leur expliquer les raisons de notre action.
L’inspecteur est venu sur le temps du midi pour « discuter ».
Cette discussion s’est vite transformée en tentative d’intimidation nous reprenant sur le fait que notre courrier n’était pas le bon outil de communication ainsi que la fiche RSST.
Cette discussion a duré près de deux heures, nous empêchant même de profiter de notre pause méridienne.
L’inspecteur prenait soin de ne nous rappeler le caractère très large du protocole sanitaire, en nous expliquant que nous devions faire du mieux que nous pouvions car il était écrit « dans la mesure du possible ».
A la question des enseignantes qui n’étaient pas remplacées et du brassage des élèves du fait de la répartition des élèves dans les classes, là encore, la réponse était qu’il fallait faire « dans la mesure du possible ». Nous devions nous plier au protocole et accueillir les élèves dans nos classes, nous n’avions pas le choix.
Pourtant dès le lundi suivant, nous obtenions un personnel d’entretien supplémentaire avec
un nettoyage plus approfondi et plus régulier de nos locaux ainsi qu’un poste de remplaçant
les jeudi 12 et vendredi 13 novembre !!
Une collègue qui est personne vulnérable a aussi obtenu des masques spéciaux.
Nos actions ont dérangé l’inspection et la mairie car nous décrivons la réalité d’un bon nombre d’écoles de France en ce moment ; OUI nos conditions de travail se dégradent mais nous faisons bloc pour permettre aux élèves de continuer d’aller à l’école, mais ce ne sera pas à n’importe quel prix ! Alertons et informons les parents, les mairies et les inspections (par le biais de la fiche du Registre Santé et Sécurité au Travail) de l’impossibilité actuelle de respecter un protocole intenable, indignons-nous sur nos conditions de travail et notre sentiment d’abandon ! Beaucoup de directeurs sont à bout, tout comme les enseignants qui pourtant se plient à une réorganisation de leurs services qui les sollicite à 200% ! Plus de pause, il faut ouvrir et fermer les entrées doublées voire triplées des écoles, être de surveillance de récréation chaque jour, accueillir les élèves des collègues non remplacées quotidiennement, s’assurer que les enfants mettent bien leurs masques, le
changent, se lavent les mains…..
Le discours de nos gouvernants se veut rassurant sur la gestion « sereine » du protocole mais leurs hypocrisie et leur mauvaise foi cachent la réalité : le manque criant de remplaçants (autant que les lits d’hôpitaux !) dû à un recrutement insuffisant et à une réelle crise de la vocation, le manque de moyens humains étant la partie devenue visible de l’iceberg ! Dessous se cachent les coupes budgétaires qui se sont succédées depuis plus de 20 ans dans toute la fonction Publique !
Vous pouvez vous rapprocher du SNUDI-FO 91 si vous avez besoin d’aide ou de conseils pour
rédiger un courrier aux parents, pour remplir la fiche RSST qui vise à obtenir une protection
juridique et qui oblige l’institution à apporter une réponse en terme de protection des personnels !
Ne restez pas seuls ! Communiquez et échangez avec les écoles de votre secteur et organisez-vous pour ne pas vous soumettre à ce protocole et ce gouvernement qui nie notre réalité et notre désarroi ! IL EST POSSIBLE DE FAIRE BOUGER LES CHOSES SI NOUS SOMMES
NOMBREUX A LE FAIRE !
Restons solidaires, bon courage à vous tous !